Sur cette route. Oui, sur cette route
J'avais déjà dû passer une autre fois:
Je reconnaissais une branche, une fenêtre
Comme un sourire déjà vu sur un visage ravagé.
Elles ont des boucles. Elles savant sourire,
Un navigateur passé, les salue.
Et longtemps encore leur crépuscule persiste
Parmis les églantiers ou les groseilles.
Le vent a touché les cordes des hiboux
Et le vol gluant s’est pris à mes doigts,
Les bras, le cou, les cuisses d’ une femme
Viennent lentement comme les lambeaux d’une mélodie sur cette onde du vent,
Quand t’es-tu jetée sous les roues de l’orage
Et ton corps sous les vagues d’une chanson
Quand s’est-il arrêté sur ces sommets?
Près de la lumière de plus en plus inquiète
Alors, brusquement, l’Ile-Fantôme
S’est approchée, de mon front, comme un morceau de glace
L’Ile que je pressentais comme un grand silence
Alors j’ai su que c’était
L’Ile-Fantôme.
Patmos? Terre de l’Apocalypse?
Alors planant autour de mes tempes
L’Ile-Fantôme s’est approchée de moi
Comme d’un creux d’arbre, un serpent
Comme d’un montre, les heures
Comme d’un violon, le chant.
Je suis resté près des distributeurs de terres
Près des vendeurs de chiffres, de chevaux, de paroles,
J'ai été partout l'homme étranger,
Qui écoute, sans y prendre part, les marchandages, les accords.
Près des vendeurs de chiffres, de chevaux, de paroles,
J'ai été partout l'homme étranger,
Qui écoute, sans y prendre part, les marchandages, les accords.
Ah! la racine ridée en dehors de l’orbite de la ville
La racine contre laquelle le vent frotte son museau comme un poulain
La terre crevassée où mon front de terre se repose.
En haut les cigognes séchées comme des linges
Portaient sous leurs ailes des miroirs où scintillaient les coupoles,
Pailles ou foudres dans le mors mat de l’océan
Bandes de fumée transparente sur les paupières de la forêt.
Claire, toujours plus Claire,
La vision dissoute dans les tempes et dans ces graines,
Vague désir qui s’emplit en nous, comme un seau dans un puits,
De chansons, de nuages, de jets d’eaux.
Αποσπάσματα από το εκτενές ποίημα με τίτλο PATMOS του Ilarie Voronca.
Ilarie Voronca (1903-1946)
Ρουμάνος εβραίος ποιητής της avant-garde. Το 1933 εγκαταστάθηκε στο Παρίσι και το 1938 πολιτογραφήθηκε Γάλλος. Έλαβε μέρος στην Αντίσταση. Στις 4 Απριλίου 1946, κλειδαμπαρώθηκε στην κουζίνα του σπιτιού του, σφράγισε πόρτες και παράθυρα, κατάπιε ένα κουτί υπνωτικά χάπια μαζί με αλκοόλ και έκοψε τον σωλήνα του υγραέριου. Αυτοκτόνησε χωρίς να αφήσει κανένα σημείωμα.
Δεν υπάρχουν σχόλια:
Δημοσίευση σχολίου